Quel Grand Paris après les départementales ?
Le 16 avril dernier, le centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF) invitait Stéphane Troussel (Président du Conseil Départemental 93) et Pierre Mansat (Président de l’Atelier International du Grand Paris) à livrer leur vision du Grand Paris au lendemain des élections départementales.
Le redécoupage des cantons et le nouveau système d’étiquetage politique des candidats complexifient l’analyse des résultats des dernières élections départementales. L’analyse d’Antoine Jardin, chercheur associé au Centre d’études européennes de Sciences Po, permet néanmoins d’observer une forte démobilisation de l’électorat populaire.
Le 16 avril dernier, le centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF) invitait Stéphane Troussel (Président du Conseil Départemental 93) et Pierre Mansat (Président de l’Atelier International du Grand Paris) à livrer leur vision du Grand Paris au lendemain des élections départementales.
Le redécoupage des cantons et le nouveau système d’étiquetage politique des candidats complexifient l’analyse des résultats des dernières élections départementales. L’analyse d’Antoine Jardin, chercheur associé au Centre d’études européennes de Sciences Po, permet néanmoins d’observer une forte démobilisation de l’électorat populaire.
A l’heure où la Métropole du Grand Paris (MGP) émerge sur le plan institutionnel (adoption de la loi MAPTAM en janvier 2014, examen en cours de la loi NOTRe), ces résultats électoraux révèlent tout l’enjeu de la solidarité territoriale en Ile-de-France.Comment construire une métropole inclusive? Quelle place pour les quartiers populaires dans cette future Métropole ?
Les paradoxes de la Métropole du Grand Paris
La Métropole du Grand Paris poursuit notamment l’objectif d’une plus grande solidarité territoriale. De ce point de vue, la construction métropolitaine fait largement consensus. Pourtant, la question de sa gouvernance demeure un terrain de fortes crispations, où les égoïsmes locaux s’illustrent comme autant d’obstacles à sa mise en œuvre effective. On a donc un premier paradoxe dans le fait que tout le monde s’accorde sur la nécessité de créer une institution métropolitaine mais que personne n’est prêt à y sacrifier ses propres intérêts. Pierre Mansat estime que la création de la Métropole va obliger les élus à répondre à la question des inégalités et de la ségrégation à l’échelle métropolitaine. Dans tous les cas, un projet métropolitain ne pourra émerger que si les uns et les autres sont prêts à faire des compromis.
De même, l’exigence d’un nouveau souffle démocratique dans la gouvernance locale s’impose comme un constat partagé par tous, et réside au cœur du projet métropolitain. Pourtant, la construction métropolitaine fait l’objet d’un processus ultra-technocratique, et suscite de fait, un très faible intérêt populaire.
Quel récit métropolitain ?
Pierre Mansat et Stéphane Troussel s’accordent ainsi sur l’urgence de « re-politiser » le débat métropolitain. Si le volet institutionnel parait insuffisamment fédérateur, un projet urbain métropolitain s’appuyant sur des réalisations concrètes offre des pistes potentiellement plus réjouissantes.
Plusieurs pistes sont ainsi convoquées : le projet de Philippe Gazeau de supprimer le périphérique au profit de milliers de logements, pour s’affranchir des frontières symboliques, l’accueil des Jeux Olympiques ou encore de l’Exposition Universelle comme vecteurs de cohésion et d’identité métropolitaine. Mais cette somme de projets suffira-t-elle à créer un destin commun ? Ces projets devront être traduits dans un projet politique et un récit métropolitain partagé qui devra articuler échelle locale et échelle mondiale.
Autant de pistes qui devront rapidement se concrétiser pour que l’élection des conseillers métropolitains au suffrage universel direct, prévu à partir de 2020, s’affirme comme un réel rendez-vous démocratique, rompant avec l’abstentionnisme croissant des quartiers populaires. La Métropole du Grand Paris deviendra-t-elle un nouvel espace d’expression populaire permettant de répondre de façon pertinente aux besoins des habitants ?