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Dans le cadre de son séminaire annuel, l’équipe de CITY Linked s’est rendue à Bordeaux pour visiter plusieurs opérations d’aménagement. L’une d’elles a particulièrement retenu notre attention : les Bassins à flot. Ce vaste projet a été mené hors ZAC, dans le cadre d’une démarche d’urbanisme négocié particulièrement réussie et qui est aujourd’hui une référence pour d’autres projets urbains d’envergure.

Situé au nord de Bordeaux, le site des Bassins à flot est adossé à la ceinture des boulevards, à l’interface entre le quartier des Chartrons et celui de Bacalan. D’une superficie totale de 162 hectares, il fait l’objet d’un vaste projet d’aménagement impulsé par Bordeaux Métropole.

Pour conduire le projet des Bassins à flot, réalisé dans son intégralité sur des terrains dont la collectivité territoriale n’avait pas la maîtrise foncière (les opérateurs ont acquis les terrains directement auprès des groupes industriels), Bordeaux Métropole s’est appuyé sur un Programme d’Aménagement d’Ensemble (PAE, désormais remplacé par le PUP), un outil juridique et financier instauré en 2010, qui définit la programmation globale et l’enveloppe financière des espaces et équipements publics.

L’objectif est de créer un quartier mixte d’habitat, de services à la personne, d’activités économiques et de loisirs : 5400 logements dont 25% de logements sociaux et 15% en accession sociale, 6000 emplois et une dizaine d’équipements publics de proximité ont été programmés.

Un projet pionnier de l’urbanisme négocié

C’est un mode opératoire innovant qui a présidé à la réalisation de cette opération : l’urbanisme négocié. En rupture avec l’organisation traditionnelle d’une opération d’aménagement qui voit d’abord intervenir le public – pour la maîtrise du foncier, la définition du programme, du montage et du projet urbain ainsi que la réalisation des espaces publics – puis le privé – pour la réalisation d’opérations immobilières sur des îlots déterminés -, l’urbanisme négocié consiste à mettre en place une démarche partenariale entre les acteurs publics et les opérateurs (promoteurs et bailleurs). Il s’agit de laisser se développer l’initiative privée, tout en l’encadrant.

Pour ce faire, Bordeaux Métropole s’est appuyée sur deux outils : une structure de gouvernance ad hoc – l’Atelier des bassins – et un plan guide (à la manière de celui réalisé par Alexandre Chemetoff et la SAMOA pour le projet de l’île de Nantes).

Une gouvernance ad hoc

Le succès de l’opération des Bassins à flot tient tout d’abord à un portage politique fort, via la mise en place de l’Atelier des Bassins, une structure ad hoc chargée de suivre et d’encadrer l’ensemble des projets et réunissant Bordeaux Métropole, la Ville, Bordeaux Port Atlantique et l’architecte-urbaniste du projet, l’Agence Nicolas Michelin et Associés. Ce mode de gouvernance innovant a permis aux collectivités et à l’urbaniste de faire bloc pour défendre l’intérêt public et la qualité urbaine.

L’animation de cet atelier requiert une forte implication de la part de la collectivité : l’Atelier reçoit l’ensemble des opérateurs immobiliers et leur équipe de maîtrise d’œuvre à chaque étape d’avancement du projet. Ces réunions mensuelles, qui nécessitent une ingénierie importante, témoignent du volontarisme de la collectivité.

Bordeaux Métropole s’est par ailleurs également fortement impliquée dans la communication autour du projet, y compris à destination du grand public, comme en témoigne la mise en place de la maison du projet et les moyens qui lui ont été accordés. La création de cet espace de rencontre ouvert à tous constitue une étape-clé dans l’accompagnement, souhaité par la collectivité, pour permettre aux habitants de s’approprier le projet.

La mise en place d’un plan guide

Pour cadrer les projets, l’Atelier des bassins s’appuie sur le plan-guide conçu par l’architecte-urbaniste Nicolas Michelin, qui définit les principes fondamentaux du projet :

• Une organisation du secteur en macro-lots présentant une diversité fonctionnelle et sociale,
• La mise en valeur d’éléments patrimoniaux,
• Une implantation des opérations perpendiculaires aux bassins,
• La plaque portuaire comme élément d’attractivité et de convergence,
• La mise en réseau de sentes guidant vers les bassins depuis les quartiers voisins – dont la qualité paysagère a été particulièrement appréciée par l’équipe de CITY Linked.

Cet outil permet de fixer les grandes orientations du projet, tout en laissant une certaine souplesse. Les échanges au sein de l’Atelier des Bassins ont ainsi permis de faire évoluer le plan-guide de manière itérative. Cette démarche a constitué un véritable changement dans la manière d’appréhender la mise en œuvre d’un projet d’aménagement à Bordeaux.

Nous avons été particulièrement convaincus par le recours à des règles simples, qui laissent une marge d’appropriation aux opérateurs mais garantissent une qualité urbaine et une attention aux usages : les parkings – qui ne pouvaient pas être construits en infrastructure – doivent être implantés en cœur d’îlot et non sur rue, les balcons doivent pouvoir accueillir une table et deux chaises, les façades être de couleur « gris Garonne » (permettant de décliner un camaïeu de teintes), etc.

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Les Bassins à flot constituent une des premières opérations d’aménagement de grande envergure menées selon les principes de l’urbanisme négocié. Le projet apparaît ainsi comme l’un des projets annonciateurs de cette mutation profonde de l’aménagement urbain qui a conduit aux appels à projets innovants du type Réinventer Paris et Inventons la Métropole du Grand Paris. Signe de son succès, toutes les opérations bordelaises sont désormais réalisées sur ce modèle (citons notamment le cas de Brazza).

Parce que nous sommes convaincus que la mise en place de démarches partenariales facilite l’émergence de projets urbains de qualité, l’urbanisme négocié constitue un des axes fondamentaux de l’intervention de CITY Linked auprès des acteurs publics et privés, depuis sa création.